«
Je viens juste d’être attaqué par des détraqueurs et je
pourrais être expulsé de Poudlard.
Je voudrais savoir ce qui se passe et quand je vais pouvoir partir
d'ici. »
Harry copia ces mots sur trois parchemins lorsqu'il atteignit son
bureau plongé dans l'obscurité. Il adressa le premier à Sirius,
le second à Ron et le troisième à Hermione. Sa chouette, Hedwige,
n'était pas là; sa cage se tenait sur son bureau, vide.
Harry fit les cent pas dans sa chambre en attendant qu'elle revienne,
sa tête martelée, son cerveau trop occupé pour dormir, et ses
yeux piquaient de fatigue. Montant et descendant, il faisait les
cent pas, consumant sa colère et sa frustration, grinçant des
dents et serrant ses poings, jetant des regards mécontents au ciel
vide devant lequel il passa une partie de la nuit.
On lui avait envoyé des détraqueurs, Mme Figg et Mundungus
Fletcher le surveillaient en secret, puis sa suspension de Poudlard
et son entretien au ministère de la magie - et encore, personne ne
lui disait ce qui se passait.
Et qui, qui était celui qui avait envoyé la lettre à tante Pétunia?
Quelle voix avait un écho aussi horrible, aussi menaçant?
Pourquoi était-il encore cloué ici, sans informations? Pourquoi
tout le monde le traitait comme un moins que rien? 'Ne fais plus de
magie, reste dans ta maison...‘
Il serait jeté dehors de l'école comme il y était entré, mais
loin de réduire sa colère, ce serait pire. Il souffrait de douleur
partout dans son corps, que ça soit dans ses doigts ou dans sa tête.
Juste au moment ou il s'écartait de la fenêtre, Hedwige passa
comme une flèche à travers celle ci, mais avec la douceur du vent
comme un petit fantôme.
"Il était temps", grogna Harry, alors qu'elle
atterrissait lentement dans sa cage. "Peux-tu prendre cela,
j'ai du travail pour toi!"
Hedwige lui lança un regard de reproche qui lui fit froid dans le
dos.
"Viens ici," dit Harry, prenant les trois parchemins dans
sa main et essayant de les attacher à la patte du hibou.
"Apporte ces messages à Sirius, Ron et Hermione et ne reviens
pas sans avoir tout distribué. Reste chez eux le temps qu'il faudra
pour qu'ils écrivent une réponse. Tu comprends?"
Hedwige poussa un petit cri et fit claquer son bec dans le vide.
"Va-y " dit Harry.
Elle partit immédiatement. Peu après son départ, Harry se jeta
sur son lit sans même adresser un dernier regard à la sombre nuit.
En dépit de toutes les autres sensations qu'il éprouvait, il se
sentait maintenant coupable d'avoir irrité Hedwige; Elle était la
seule amie qu'il avait au numéro 4 Privet Drive. Mais cela lui
ferait plaisir quand elle reviendrait avec les réponses de Ron,
Hermione et Sirius. Ils avaient intérêt à lui répondre vite; il
ne pouvait pas être possible qu'ils ignorent l'attaque d'un détraqueur.
Il se lèverait sûrement demain matin avec trois lettres à côté
de lui remplies de sympathie et de plans pour partir immédiatement
vers le Terrier. C'est avec cette idée réconfortante que Harry
s'endormit plus facilement que d'habitude.
***
Mais Hedwige ne revint pas le matin suivant avec les réponses.
Harry passa donc la journée dans sa chambre, sortant seulement pour
aller dans la salle de bain. Trois fois par jour, Tante Pétunia
posait un repas dans sa chambre à l'aide d'une chatière que
l'oncle Vernon avait installée 3 ans plus tôt.
Chaque fois qu'il l'entendait approcher, il essayait de la
questionner à propos de la lettre, mais il aurait pu tout aussi
bien poser ses questions à la porte puisque la réponse était la même
dans les deux cas.
Autrement, les Dursley restaient enfermés dans leurs chambres.
Trois journées passèrent ainsi, pendant lesquelles, restant allongé
sur son lit toute la journée en pleine léthargie, Harry pensait à
diverses choses, dont l'effroi que lui apportait l'idée d'être
entendu au ministère.
Qu'est-ce qu'ils allaient décider contre lui? Allaient-ils
l'expulser de l'école et détruire sa baguette magique? Qu'est ce
qu'il ferait alors, où irait il? Il ne pourrait pas revenir dans le
salon avec les Dursley, pas maintenant qu'ils connaissaient l'autre
monde, le seul auquel il appartenait réellement. Pourrait- il être
capable de se déplacer vers la maison de Sirius, comme celui-ci
l'avait suggéré il y a un an, avant de s'envoler vers le ministère?
Harry serait-il autorisé à vivre là-bas seul, sachant qu'il
n'avait pas l'âge réglementaire? Ou peut-être, pourrait-il les
questionner sur ce qu'ils avaient décidé pour lui après?
Aurait-il le statut international de mise au secret avec lequel ils
l'enfermeraient dans la prison d’Azkaban? Quand donc pourrait-il
enfin sortir de sa chambre et sortir de ses pensées de désespoir?
Lors de la quatrième nuit après le départ d’Hedwige, Harry
tomba dans une phase d'apathie, son esprit fatigué était devenu
amorphe, quand son oncle entra dans sa chambre. Harry regarda
doucement autour de lui. L'oncle Vernon portait son meilleur costume
et une expression d'énorme contentement se lisait sur son visage
porcin. "Nous allons sortir," dit-il.
"Pardon?" dit Harry
"Nous - c'est l'expression qu'a utilisé ta tante ; Elle,
Dudley et moi - allons sortir."
"Bien," dit Harry qui se rallongea pour regarder le
plafond à nouveau.
"Tu ne sors pas de ta chambre tout le temps où nous serons
absents."
"D'accord"
"Tu ne touches pas la télévision, l'appareil à musique, où
toutes les autres choses qui nous appartiennent."
"Pas de problème."
"Tu ne voles pas dans le frigo."
"D'accord"
"Je vais fermer ta porte à clef."
"Va-y."
L'oncle Vernon observa Harry clairement soupçonneux par son manque
d'arguments. Puis il sortit de la chambre et ferma la porte derrière
lui. Harry entendit la clef tourner et les pieds de l'oncle Vernon
descendre brutalement les escalier. Quelque temps après, il
entendit la porte du garage s'ouvrir, le moteur démarrer et la
voiture partir.
Harry ne s'intéressait pas particulièrement à la sortie des
Dursley. Ca ne faisait pas de différences pour lui qu'ils soient ou
pas dans la maison. Il ne pouvait pas encore mobiliser son énergie
pour se lever et pour se tourner sur son lit. La pièce commença à
s'assombrir autour de lui comme s’il entendait le son de la nuit
à travers la fenêtre qu'il gardait ouverte dans l'espoir de voir
arriver Hedwige à tout moment.
La maison vide craqua autour de lui. Les tuyaux vibrèrent. Harry
restait là avec une sorte de stupeur, pensant à rien, suspendu à
sa misère.
Alors, tout à fait distinctement, il entendit quelque chose éclater
dans la cuisine.
Il s'assit rapidement sur son lit pour mieux entendre. Les Dursleys
ne pouvaient être rentrés, il était trop tôt, et même dans ce
cas, il n'avait pas entendu la voiture arriver.
Il y eut un silence pendant quelques secondes, puis des voix.
'Des voleurs', pensa-il, sautant de son lit sur ses pieds - mais une
demi seconde plus tard, il se présenta à son esprit que des
voleurs parleraient doucement, mais qui dans ce cas se déplaçait
dans la cuisine?
Il sortit sa baguette de dessous sous bureau et se tint face à la
porte de sa chambre, écoutant tout ce qu'il pourrait entendre.
L’instant suivant, il sursauta quand il entendit la serrure faire
un fort 'clic' et la porte s'ouvrir.
Harry resta immobile, fixant à travers la porte ouverte le haut des
escaliers dans l'obscurité, écarta ses oreilles et remarqua qu'il
n'y avait plus un son.
Il
hésitât un moment, puis se déplaça légèrement et
silencieusement vers le haut des escaliers.
Son cœur battait de plus en plus fort et il sentait les battements
du sang dans sa gorge. Il y avait des personnes qui attendaient dans
l'obscurité de la pièce, et il voyait aussi des silhouettes éclairées
par la lumière de la rue passant à travers la vitre de la porte
d'entrée; ils étaient huit ou neuf, jugea t’il compte tenu de la
distance à laquelle ils se trouvaient. "Baisse ta baguette
avant de rendre aveugle quelqu'un, mon garçon," dit une lente
et puissante voix.
Les battements du cœur de Harry étaient devenus incontrôlables.
Il connaissait cette voix, mais il ne baissa pas sa baguette.
"Professeur Maugrey? dit-il sans être certain d’avoir
correctement identifié la voix.
"Ca me fait bizarre d’être appelé 'professeur', dit la
grosse voix, "Je ne l'ai pas été longtemps, non? Descends
ici, nous voulons te voir correctement.
Harry baissa sa baguette lentement mais ne relâcha pas la pression
qu'il exerçait sur elle. Il avait de bonnes raisons d'être
suspicieux. Il avait récemment passé neuf mois en compagnie du
professeur Maugrey fol-oeil pour se rendre compte à la fin que ce
n'était pas Maugrey, mais un imposteur; un imposteur, qui de plus
avait essayé de tuer Harry avant d'être démasqué. Mais avant de
pouvoir prendre sa décision sur la suite des évènements, une
seconde voix mince et enrouée retentit.
"Tout va bien, Harry. Nous sommes là pour t'emmener loin d'ici."
Le cœur d'Harry fit un bond. Il connaissait cette voix aussi et il
ne l'avait pas entendu depuis des années.
"P-Professeur Lupin?" Dit-il difficilement. "C'est
vous?"
"Pourquoi attendons-nous tous dans le noir?" dit une
troisième voix, qui était inconnue à Harry, une voix de femme,
"Lumos"
Le haut d'une baguette illumina le hall de lumière magique. Harry
cligna des yeux. Les personnes en dessous se tenaient tout autour du
pied des escaliers, le dévisageant intensément.
Remus Lupin se tenait près de lui. Bien qu'il soit encore jeune,
Lupin avait le visage fatigué et malade; Il avait plus de cheveux
blancs que la dernière fois où Harry l'avait vu et sa robe de
sorcier était encore plus rapiécée qu'avant. Malgré tout cela,
il souriait largement à Harry, qui essayait de sourire du mieux
qu'il put après le choc qu'il venait de recevoir.
"Oooh, il ressemble exactement à ce que je pensais," dit
la sorcière qui tenait la baguette illuminée. Elle semblait plus
jeune elle; elle avait une figure pâle, des yeux sombres pétillants
et des petits cheveux d'une violente couleur violette. "Salut
Harry!"
"Oui, je vois ce que tu voulais dire, Remus," dit un
sombre sorcier se tenant un peu plus derrière les autres - il avait
une profonde, et lente voix - "Il ressemble exactement à
James."
"Excepté les yeux," Dit d'une voix sifflante un magicien
aux cheveux argentés dans le fond. "Ce sont les yeux de
Lily."
Maugrey fol-oeil, qui avait de longs cheveux grisonnants, regardait
Harry suspicieusement avec son oeil magique - celui la même qui lui
permettait de voir à travers les murs et les portes.
"Es-tu tout à fait certain que c'est lui, Lupin" grommela
t-il. Ca peut être aussi un joli trompe l’œil. On aurait l'air
fin avec un faux Harry. Il faut lui poser des questions où seul un
vrai Potter peut répondre. Sinon on peut aussi utiliser le Véritaserum."
"Harry, quelle forme avait ton Patronus?" demanda Lupin.
"C'était un cerf." dit nerveusement Harry.
"C'est lui Maugrey," dit Lupin.
Conscient que tout le monde le fixait encore, Harry descendit les
escaliers et remit sa baguette dans la poche de son jean.
"Ne range pas ta baguette jeune homme!" rugit Maugrey.
"Et s’il arrivait quelque chose? Des meilleurs magiciens que
toi ont perdu leurs fesses comme ça, tu sais!"
"Qui connaissez-vous qui aie perdu ses fesses?" la sorcière
aux cheveux violets lança un regard intéressé à Maugrey.
"Ne réfléchis pas, tu dois juste garder ta baguette à l'extérieur
de ta poche, c'est tout!" grommela Maugrey. "C'est une
consigne de sécurité. Plus personne ne respecte ça de nos jours."
Il se déplaça vers la cuisine. "J'ai déjà vu ça!"
ajouta t-il irrité, alors que la femme roulait des yeux vers le
plafond.
Lupin posa sa main sur Harry et lui donna une petite tape.
"Comment vas-tu?" lui demanda t-il en le regardant de près.
"B-Bien..."
Harry pouvait difficilement croire que c'était réel. Quatre
semaines sans aucune nouvelle, et soudain une bande entière de
sorciers venait le chercher comme si c'était naturel et prévu
depuis longtemps.
Il jeta un coup d’œil aux personnes qui entouraient Lupin; Ils le
regardaient tous avidement. Harry se rendit compte tout d'un coup
qu'il ne s'était pas peigné depuis quatre jours.
« Tu as vraiment de la chance que les Dursleys soit sortis... »
marmonna Lupin.
"Chanceux, ha!" dit la femme aux cheveux violets. "C'était
moi qui les ai attirés loin d'ici. J'ai envoyé une lettre par la
poste Moldue qui leur disait qu'ils avaient été tirés au sort
pour participer à la compétition anglaise de la meilleure pelouse.
Maintenant ils doivent penser qu'ils vont gagner le premier prix...
ou peut-être qu'ils sont déjà arrivés là-bas!"
Harry eut une vision comique du visage de l'oncle Vernon quand il réaliserait
qu'il n'existait pas de compétition anglaise de la meilleure
pelouse de banlieue.
"Nous allons partir, n'est ce pas?" demanda t-il, "Bientôt?"
"D'ici quelques instants," dit Lupin, "Nous attendons
juste que tout soit bon."
"Où allons nous? Au Terrier?" demanda Harry plein
d'espoir.
"Pas au Terrier, non," dit Lupin se déplaçant vers la
cuisine; la petite troupe de sorciers les suivit, tous regardaient
encore Harry avec curiosité.
"Trop risqué. Nous avons installé un quartier général
incartable quelque part. Ca prendra un moment..."
"C'est Alastor Maugrey, Harry" continua Lupin pointant son
doigt vers Maugrey.
"Oui, je sais," dit Harry inconfortablement. Ca lui
faisait bizarre qu'on lui présente quelqu'un qu'il pensait connaître
depuis un an.
"Elle c'est Nénuphar -"
"Ne m'appelle pas Nénuphar, Remus," dit la jeune sorcière
avec frisson, "Moi c'est Tonks."
"Donc, Nénuphar Tonks, qui ne veut être appelée que par son
nom." finit Lupin.
"J'aimerais bien voir comment tu réagirais, si ta mère
t'avait appelé Nénuphar," murmura Tonks.
"Et voici Kingsley Shacklebolt" dit-il en indiquant le
sorcier à la voix forte.
"Elphias Doge." le sorcier à la voix sifflante fit un
signe de tête à Harry.
"Dedalus Diggle -"
"Nous nous sommes déjà rencontrés," grinça Diggle en
remettant son chapeau.
"Emmeline Vance." Une majestueuse sorcière avec un Châle
vert Emeraude s'inclina vers Harry.
Celui-ci souhaitait que ceux auxquels on l'avait présenté
commencent à regarder autre chose que lui. Il se demandait aussi
pourquoi il y avait tant de sorciers ici.
"Un nombre surprenant de volontaires sont venus te chercher,"
dit Lupin, comme s’il avait lu dans son esprit; le coin de sa
bouche forma un léger sourire.
"Bien, bien, et en plus ce sont les meilleurs" dit Maugrey
sombrement. "Nous sommes vos gardes, Potter."
"Nous attendons juste le signal qui nous dira quand nous
pourrons partir," dit Lupin en se rapprochant de la fenêtre de
la cuisine. "Nous avons à peu près 15 minutes devant nous."
"Très propres, ces Moldus, non?" dit la sorcière
appelait Tonks, qui observait toute la cuisine avec grand intérêt.
"Mon père était Moldu et c'était un vrai rustre. Je suppose
que cela arrive exactement comme pour les sorciers."
"Eh - Oui," dit Harry. "Regardez-" il se tourna
vers Lupin, "Qu'est-ce qui vient, je n'ai jamais entendu
quelque chose comme ça, ça vole-?"
Plusieurs des sorcières et de sorciers firent un drôle de bruit;
Dedalus Diggle remit son chapeau et Maugrey grommela, "Taisez
vous!"
"Qu'est-ce que c'est que ça?" dit Harry.
"Nous ne discuterons de rien ici, c'est trop risqué," dit
Maugrey, faisant tourner son oeil normal sur Harry et gardant son
oeil magique fixé sur le plafond. "Bon dieu," ajouta t-il
furieux en levant une main vers son oeil magique. "Il continue
à rester coller - chaque fois c'est pire."
Et en jurant méchamment, il sortit son oeil magique.
"Et Fol-oeil, tu sais que c'est dégoûtant ce que tu fais?"
dit Tonks avec dégoût.
"Apportes-moi un verre d'eau, veux-tu, Harry," réclama
Maugrey.
Harry traversa la pièce vers l'évier, prit un verre, le remplit
d'eau et l'apporta à Maugrey.
"Merci," dit Maugrey, quand Harry lui tendit le verre. Il
plongea l’œil magique dans l'eau en le faisant tourner dans tous
les sens pour le nettoyer.
"Je veux 360 degrés de visibilité pour la fin de la journée."
"Au fait, comment allons nous partir?" demanda Harry.
"Balai," dit Lupin. "C'est le seul chemin. Tu es trop
jeune pour te téléporter, en plus nous serions vu sur le réseau
de téléportation et pour finir, on risque plus que notre vie à créer
des portauloin non autorisés."
"Remus nous a dit que tu étais un bon aviateur." dit
Kingsley Shacklebolt d'une voix profonde.
"Il est excellent," dit Lupin, qui vérifiait sa montre.
"Il faut que tu ailles chercher toutes tes affaires, Harry,
nous voulons être prêts à partir au signal."
"Je viens avec toi, je vais t'aider," dit vivement Tonks.
Elle suivit Harry qui remonta l’escalier après être passé dans
le hall, et regarda tout autour d'elle avec beaucoup de curiosité
et d'intérêt.
"Joli endroit," dit-elle. "C'est même trop propre,
tu comprends ce que je veux dire? Ce n'est pas naturel. Oh, ça
c'est mieux," ajouta t'elle quand ils entrèrent dans la
chambre de Harry et allumèrent la lumière.
"Sa chambre était certainement la plus mal rangée de toute la
maison. Confiné à l'intérieur depuis 4 jours, Harry ne s'était
pas demandé si elle était sale ou pas. Beaucoup des livres qui lui
appartenaient étaient étalés sur le sol car il avait essayé de
se distraire en les lançant ou en jouant avec; la cage d'Edwige
avait besoin d'un gros nettoyage car elle commençait à sentir; Son
armoire ouverte laissait apparaître une sorte de mixture composée
d'habits Moldus et de robes de sorcier.
Harry commença par récupérer ses livres et à les lancer hâtivement
dans sa malle. Tonks posa un regard critique sur son image reflétée
par le miroir accroché à l'intérieur de la porte de la garde robe
ouverte.
"Tu sais, je ne pense pas que violet soit réellement la
couleur qui me va," dit elle pensivement, en prenant un air épineux.
"Tu ne trouves pas que ça me donne l'air un petit peu fatigué?"
"Hum -" dit Harry, arrêtant de la regarder pour poser ses
yeux sur la couverture de son livre 'Les équipes de Quidditch
d'Angleterre et d'Irlande'.
"Oui, c'est ça," dit Tonks décidée. Elle leva les yeux
et prit l'expression de quelqu'un qui vient de se souvenir de
quelque chose. Une seconde plus tard, ses cheveux avaient tournés
au rose bubble-gum.
"Comment as-tu fait ça?' dit Harry, la bouche béante une fois
qu'elle eu réouvert ses yeux.
"Je suis une Métamorphmagus," dit-elle en se retournant
pour pouvoir voir sa réaction. Puis elle tourna la tête afin qu'il
puisse bien voir ses cheveux depuis toutes les directions. "Cela
signifie que je peux changer mon apparence comme je le veux,"
ajouta t-elle, apercevant l'expression stupéfaite de Harry dans le
miroir derrière elle. "Je suis née comme ça. J'ai toujours
été la meilleure aux entraînements pour devenir Auror car je
pouvais me déguiser ou me cacher facilement sans rien avoir appris,
c'était génial."
"Tu es un Aurore?" dit Harry qui semblait impressionné.
Etre un traqueur des forces du mal était la seule carrière qu'il
avait considérée après Poudlard.
"Oui," dit fièrement Tonks. "Kingsley est aussi
bonne, même peut-être un tout petit peu meilleure que moi, je
pense. J'ai obtenu ma qualification il y a seulement un an. J'ai
failli échouer à l'épreuve furtive de pistage. Je suis morte
maladroitement..."
"Peux-tu apprendre comment être un Métamorphmagus?" lui
demanda Harry oubliant complètement sa malle.
Tonks gloussa.
"Tu ne veux tout de même pas cacher ta cicatrice quand même,
hein?"
Ses yeux trouvèrent la cicatrice en forme d'éclair sur le front de
Harry.
"Non, ça ne m'est pas venu à l'esprit," marmonna Harry.
Il se retourna. Il n'aimait pas que les gens regardent sa cicatrice.
"Eh bien en fait, tu peux mais ça va te demander de prendre un
long chemin d’apprentissage, j'en ai bien peur," dit Tonks.
"Les métamorphemagie sont assez rares, ils naissent comme ça,
ils ne l'apprennent pas. Beaucoup de sorciers ont besoin de leur
baguette ou de potions pour changer leur apparence...
« Allez Harry, n'étions nous pas sensé nous occuper de tes
affaires » ajouta t-elle coupablement, regardant autour d'elle pour
apercevoir si rien de ce qu'il y avait par terre ne devait aller
dans la malle.
"Ah, là," dit Harry en prenant plusieurs autres livres.
"Ne sois pas stupide, ce sera plus rapide si c'est moi qui le
paquetage" cria Tonks et tout bougea dans la chambre de Harry;
Livres, habits, télescope et toutes ses autres affaires volèrent
en pêle-mêle à travers la pièce pour atterrir dans sa malle.
"Ce n'est pas très bien tenu," dit-elle en s’approchant
de la malle pour regarder ce qu'il y avait dedans. "Ma mère
arrivait à faire ça sans magie. Je n'ai jamais compris comment
elle y arrivait."
"Ah, bien," dit Tonks en fermant la malle, "au moins,
tout est dedans. On pourrait aussi faire une touche de propreté."
Dit-elle en pointant sa baguette vers la cage de Hedwige. "Scourgify."
La cage devint toute propre. "Bien, c'est un petit peu mieux -
je n'ai jamais beaucoup aimé ces sortes d'odeurs. Bon Tu as tout?
Le chaudron? Le balai? Waow - Un 'Eclair de feu'?"
Ses yeux s'élargir encore plus lorsqu'elle vit le balai dans la
main de Harry. C'était sa fierté et sa joie, un cadeau de Sirius,
un manche à balai standard international.
"Et moi qui suis encore sur un Commet 26," dit Tonks
envieusement. " Ah, bien... ta baguette est encore dans ton
jean? Tu as encore tes deux fesses? OK, c'est parti. 'Locomotor'."
La valise de Harry s'éleva alors dans les airs. Tenant sa baguette
comme un bâton de conducteur, Tonks fit voler la malle à travers
la chambre et la fit descendre l’escalier avec la cage de Hedwig
dans sa main gauche. Harry la suivit et descendit l’escalier
portant son balai.
De retour dans la cuisine, Harry remarqua que Maugrey avait remis
son oeil, qui s'était mis à l'observer dès qu'il était entré
dans la salle, ce qui rendit Harry mal à l'aise. Kingsley
Shacklebolt et Sturgis Podmore étaient en train d'examiner le
micro-onde et Hestia Jones s'amusait avec des épluchures de pomme
de terre. Lupin écrivait lui une lettre aux Dursley.
"Excellent,"dit Lupin levant la tête vers Harry et Tonks
lorsqu'ils entrèrent.
"Nous avons à peu près une minute, je pense. Nous devrions
probablement sortir dans le jardin afin d'être prêts à partir.
Harry, je laisse une lettre expliquant tout à ton oncle et à ta
tante pour qu'ils ne s'inquiètent pas-"
"Ils s'en fichent,' dit Harry.
"-que tu es sain et sauf-"
"Ca ne fera que les déprimer."
"-et que tu les reverras l'été prochain."
"Je suis obligé?"
Lupin sourit mais ne donna pas de réponse.
"Viens ici, mon garçon," dit Maugrey d’un ton bourru,
en attirant Harry vers lui avec sa baguette. "J'ai besoin de
t’enchanter."
"Vous avez besoin de quoi?" demanda Harry nerveusement.
"De te rendre invisible," dit Maugrey, levant sa baguette.
"Lupin dit que tu as une cape d'invisibilité, mais elle
refusera de rester quand tu voleras; cela te déguisera mieux. Viens
ici-"
Il effleura la tête de Harry du bout de sa baguette et celui-ci
sentit alors une curieuse sensation l'envahir comme si Maugrey avait
cassé un oeuf sur lui; quelque chose de froid semblait couler de sa
baguette et parcourir son corps.
"Bien joué, Fol-oeil," dit Tonks appréciant et regardant
la taille de Harry.
Harry baissa les yeux pour voir son corps, qu'est-ce qui lui était
arrivé. Il n'était pas devenu invisible; il avait simplement pris
la texture de la cuisine qui était derrière lui. Il semblait être
devenu un caméléon.
"Allez," dit Maugrey, en déverrouillant la porte d'entrée
avec sa baguette. Ils sortirent dehors et marchèrent tous sur la
magnifique pelouse de l'oncle Vernon.
"La nuit est claire," grogna Maugrey, son oeil magique
analysant les environs. "Ca serait mieux avec un peu plus de
nuages. Bon, toi," lança t-il à Harry, "Nous allons
voler en formation serrée. Tonks sera juste devant toi. Reste
toujours près d'elle. Lupin te couvrira dessus. Je serai derrière
toi. Les autres seront en cercle autour de nous. Nous ne briserons
le cercle pour rien au monde, c'est compris? Si un de nous se fait
tuer…"
"Est-ce probable?" demanda Harry avec appréhension, mais
Maugrey l'ignora."-tous les autres continuent à voler, on ne
s'arrête pas, on ne romp pas la formation.
S’ils nous ont tous et que tu survis, Harry, l'arrière garde
tiendra jusqu'à ce que tu puisses disparaître; continue à voler
à l'est et ils te rejoindront après."
"Arrête d'être aussi joyeux, Fol-oeil, il va penser que nous
ne sommes pas sérieux," dit Tonks alors qu'elle accrochait la
malle et la cage à son balai.
"J’expliquais juste le plan à Harry," grommela Maugrey.
"Notre travail et de le ramener sain et sauf au quartier général
et si nous mourions dans la tentative…"
"Personne ne va mourir," dit Kingsley Shacklebolt avec sa
voix profonde et calme.
"Montez sur vos balais, c'est le premier signal!" dit
Lupin d'une voie aiguisée en pointant son doigt vers le ciel.
Harry remarqua alors qu'une baguette jetait des étincelles. Loin,
loin à côté d'eux, un sorcier envoyait des étincelles de lumière
rouge qui brillaient comme des étoiles. Il enfourcha son balai, sa
jambe gauche prête à donner l'impulsion pour décoller. Il sentit
son balai vibrer très doucement comme si le balai était impatient
de décoller.
"Le second signal, c'est parti!" dit fortement Lupin quand
des étincelles, cette fois vertes, apparurent.
"Harry donna un coup de pied au sol. La nuit tranquille passa
à travers ses cheveux tandis que le quartier de Privet Drive
devenait de plus en plus petit. Il était tellement content qu'il
pensait que son cœur allait exploser de plaisir; il volait à
nouveau, volant loin de Privet Drive ou il passait chaque année les
moments les plus ennuyeux de sa vie... Depuis quelques instants,
tous ses problèmes semblaient avoir disparus dans ce vaste ciel.
"On tourne à gauche, on tourne à gauche, il y a un Moldu qui
a levé la tête!" lança Maugrey derrière Harry. Tonks dévia
vivement et Harry la suivit voyant sa malle accrochée sur le balai,
se balancer. "Nous avons besoin de monter plus haut... montons
de quatre cent mètres!"
Les yeux de Harry commencèrent à larmoyer alors qu'ils montaient
plus haut; il ne pouvait rien voir maintenant à part de petites
lumières qui devaient être l'éclairage public et des feux de
voiture. Deux de ces lumières pouvaient appartenir à la voiture de
l'oncle Vernon... Les Dursley seraient bientôt rentrés chez eux,
fous de rage à propos de la compétition inexistante de pelouse...
et Harry rigolait intérieurement en pensant à cela. L'air lui
passait dans les oreilles et sur le visage, quel bonheur. Cela
faisait un mois qu'il n'avait pas était aussi content.
"On oblique vers le sud!" lança Fol-oeil. "On a une
ville devant nous!"
Ils virèrent à droite pour passer à l'extérieur de la toile de
lumière qui se trouvait non loin d'eux.
"Vers le sud-est et continuons à monter, il y a quelques
nuages bas devant nous, nous pourrions perdre l’un de nous
dedans!" jeta Maugrey.
Le froid commençait à se faire sentir; sa main s'engourdissait de
plus en plus sur le manche de l'éclair de feu. Il souhaitait
pouvoir mettre un manteau; il frissonnait. Ils changèrent leur
course aussi souvent que Maugrey l'ordonna. Les yeux d'Harry s'étaient
baissés pour se protéger du vent gelé qui lui faisait mal; il ne
pouvait se souvenir que d'une seule fois où il avait eu si froid
sur son balai, c'était pendant le match de Quidditch contre
Pouffsouffle il y a deux ans.
Les gardes autour de lui continuaient à l'encercler comme un grand
vol d'oiseau. Il se demanda combien de temps, il devrait encore
voler, il pensa qu'il leur faudrait à peu près une heure.
"On vire vers le sud-ouest!" hurla Maugrey , "Nous
devons éviter de croiser le chemin d'une moto!"
Harry était complètement mouillé et il rêvait de confort.
Kingsley Shacklebolt tourna autour de lui, brillante de lumière de
lune... maintenant Emeline Vance était à sa droite, sa baguette
sortie, il la voyait aller de gauche à droite... puis elle aussi
passa au-dessus de lui pour être remplacée par Sturgis Podmore...
"Nous sommes obligés d'échanger pour un moment, juste pour être
sûrs de ne pas être suivis!" Cria Maugrey.
"Ca ne va pas Fol-oeil?" Hurla Tonks devant Harry. "Nous
allons tous geler sur nos balais et si nous continuons à nous écarter
de notre route, nous ne serons là bas que la semaine prochaine!
Nous sommes proches maintenant!"
"Il est temps de commencer à descendre!" dit la voix de
Lupin. "Suis Tonks Harry!"
Harry vit Tonks plonger. Ils étaient en face d'une quantité de
lumières. Ils descendaient de plus en plus bas jusqu'à ce que
Harry puisse voir les lumières individuelles devant lui. Il voulait
arriver au sol le plus vite possible, pensant que quelqu'un serait
obligé de le dégeler plusieurs secondes après qu'il eut atterrit.
Harry toucha le sol juste derrière Tonks et atterrit sur l'herbe
d'un petit square, qui ne semblait pas être très bien entretenu.
Tonks était déjà en train de détacher sa malle. Frissonnant,
Harry regarda autour de lui. Ce petit endroit était entouré de
maisons qui n'avaient pas l'air très accueillantes. Beaucoup
d'entre elles avaient des vitres cassées, brillant légèrement
sous la lumière de la rue.
"Où sommes-nous?" demanda Harry, mais Lupin dit
tranquillement, "Dans une minute".
Maugrey grognait, il avait les mains bleues de froid.
"Allons-y," murmura t-il, levant quelque chose qui
ressemblait à une cigarette d'argent brillante et cliqua dessus.
La lumière de la lampe la plus proche se fit aspirer par cet objet
et s'éteignit. Il cliqua comme cela en direction de plusieurs
lampes jusqu'à ce qu'il ne reste plus que les lumières des maisons.
"Je l'ai emprunté à Dumbledore," grommela Maugrey, le
remettant dans sa poche. "C'est qu'il faut faire attention, il
y a beaucoup de Moldus dans la zone qui regardent par leur fenêtre.
Allez maintenant, vite."
Il prit Harry par le bras et le tira de l'herbe vers la route; Lupin
et Tonks les suivirent, portant la malle de Harry entre eux.
Le reste de la garde, tous avec leurs baguettes sorties,
surveillaient les environs. Le son étouffé d'une stéréo s’échappait
d'une des maisons proches. Une odeur de rôti venait de nulle part.
"Ici," marmonna Maugrey, donnant une pièce de parchemin
à Harry dont le corps était encore invisible, et tenant dans son
autre main une baguette qui illuminait le parchemin, "Lis et mémorise."
"Harry regarda le morceau de papier. L'écriture manuelle était
fine et lui était familière, Il lut:
"Le quartier général de l'ordre du Phénix se trouve au numéro
douze, Place Grimmauld, Londres."