Chapitre 1 - La Folie de Dudley

Une chaude journée d'été commençait à se dessiner dans le proche et somnolent silence du quartier de Privet Drive. Les voitures habituellement rutilantes prenaient la poussière dans leur garage et la pelouse à - l'origine verte - était devenue jaune étant donné que l'arrosage était interdit pour cause de sécheresse.
Privés de leurs activités habituelles (lavage de voiture et arrosage de pelouse), les habitants de Privet Drive s'étaient réfugiés dans l'ombre de leurs maisons, les fenêtres complètement ouvertes dans l'espoir de voir arriver une brise inexistante. La seule personne se trouvant dehors était un jeune adolescent allongé sur le dos dans un massif de fleur du jardin du numéro 4. Il était maigre, les cheveux noirs, portant des lunettes trop petites et le regard terne de quelqu'un qui a beaucoup grandit en très peu de temps. Son jean était déchiré et sale, son T-shirt était trop large et fade et ses baskets étaient pelées sur toute leur surface.

L’apparence de Harry Potter ne le rendait pas particulièrement sympathique aux yeux de ses voisins, qui étaient le genre de personnes dont les pensées auraient du être punies par la loi, mais comme il se cachait derrière un large buisson cette après-midi là, il était tout à fait invisible pour les passants.
En fait, les seules personnes qui pouvaient l'apercevoir étaient son oncle Vernon et sa tante Pétunia qui auraient du néanmoins avoir la tête collée contre la vitre du salon pour l’apercevoir. Dans l'ensemble, Harry pensait qu'il pouvait se féliciter pour cette idée. Il n'était pas, peut être, très confortablement assis dans cette chaleur, mais d'un autre côté, ici, personne ne venait l’agresser, grincer des dents afin qu'il ne puisse écouter les informations ou lui poser une question désagréable comme c'était arrivé chaque fois qu'il avait essayé de s'asseoir dans le salon pour regarder la télévision avec sa tante et son oncle.

Comme si presque toutes les pensées qu’il ruminait en ce moment avaient volé à travers la fenêtre du salon, Vernon Dursley, l'oncle de Harry, dit subitement:
"Je suis content de voir que ce garçon arrête d'essayer de voir les informations. D’ailleurs où est-il en ce moment ?"

"Je ne sais pas", dit la tante Pétunia qui ne semblait pas concernée par la question. "Pas dans la maison en tout cas."
L’oncle Vernon grogna.
"Regarder les informations..." dit-il ironiquement. "J'aimerais savoir ce qui est réellement arrivé… Comme si un garçon normal pouvait s'intéresser aux informations - Dudley n'a même pas idée de ce qu'il se passe! Je doute même qu'il sache qui est le Premier ministre! Quelque part, ce n'est pas comme s’il avait quelque chose à savoir sur 'nos informations'-"
"Vernon!" dit la tante Pétunia. " La fenêtre est ouverte !"
"Oh - oui – excuse-moi ma chérie"
Les Dursley firent silence. Harry entendit le jingle de la publicité sur les céréales aux fruits 'Bon matin' et, au même moment, il vit Mme Figg, une vieille voisine amoureuse des chats et qui d’ailleurs semblait un peu folle, passer lentement dans la rue. Il était vraiment content de pouvoir se cacher derrière les buissons étant donné que Mme Figg avait récemment pris l'habitude de lui demander de prendre le thé avec elle à chaque fois qu'il la rencontrait.
Elle avait disparue à l’angle de la rue quand l'oncle Vernon demanda :
"Dudley est dehors pour le thé ?"
"Oui", dit Tante Pétunia tendrement. "Il a tant d’ amis, il est si populaire..."
Harry se retint avec difficulté d'éclater de rire. Les Dursley étaient vraiment stupides quant il s’agissait de leur fils Dudley. Ils avalaient tous ses mensonges sur ses soi-disant rendez-vous pour prendre le thé avec sa bande, et ceci chaque soir depuis le début des vacances d'été. Harry savait parfaitement bien que Dudley ne prenait le thé nul part; et que lui et sa bande passaient toute la soirée à détruire le parc de jeu, à fumer au coin de la rue et à lancer des pierres sur les voitures et les enfants.
Harry les avait vus chaque soir lorsqu'il s'était promené autour de Little Whyning car il avait passé la plupart de ses vacances à errer dans les rues pour trouver des journaux dans les poubelles ou sur le chemin.


Le générique de début des informations lui permit de savoir qu'il était sept heures et il sentit son estomac commencer à se contracter. Peut être cette nuit - après un mois d'attente - serait enfin la bonne.
Le présentateur commença, "Un nombre impressionnant de vacanciers avait rempli les aéroports suite à la grève des bagagistes espagnols qui durait depuis 2 semaines."
"Qu'on leur donne une sieste à vie", lança l'oncle Vernon après que le présentateur eut fini sa phrase qui d’ailleurs, était pour Harry dépourvue de contenu. Si quelque chose était arrivé, ils l'auraient sûrement dit en premier dans les informations; la mort et la destruction étant plus importantes pour eux que le blocage des vacanciers. Il laissa échapper un long et lent soupir et releva la tête vers le ciel d'un bleu intense. Chaque jour de l'été avait été le même : la tension, l'attente, le soulagement temporaire, et la remonté de la tension... et toujours, la question qui se faisait plus insistante au cours du temps : Pourquoi n'est-il encore rien arrivé ?


Il continua d’écouter, juste au cas où il entendrait de petits indices qui ne seraient pas reconnus pour ce qu'ils étaient réellement par les Moldus : une disparition inexpliquée ou peut être des accidents étranges... mais la grève des bagagistes était suivi par l'annonce de la sécheresse dans le Sud-est ("J'espère qu'il écoute l'autre d'a côté !" souffla l'oncle Vernon,
"Avec son arroseur automatique à 3 heures du matin !"), puis un hélicoptère s'était presque écrasé, puis le divorce d'une actrice célèbre ("Comme si nous étions intéressés par ces affaires sordides," jeta la Tante Pétunia qui avait suivi ce cas avec obsession dans tous les magasines sur lesquels elle avait pu mettre la main). Harry ferma les yeux à cause du ciel qui commençait à flamboyer quand le présentateur dit, "- et pour finir, Bungy la perruche a trouvé un nouveau moyen pour rester frais cet été. Bungy, a appris le ski nautique! Mary Dorkins est allé enquêter sur place".
Harry ouvrit les yeux. S’ils parlaient maintenant de perruches capables de faire du ski nautique, il n'y aurait rien d'autre à entendre. Il roula avec précaution sur le ventre et se prépara à ramper pour sortir de sous la fenêtre. Il avait commencé à bouger quand plusieurs événements se succédèrent très vite. Un bruyant 'crack' déchira le silence comme un coup de feu, un chat rayé sortit de dessous une voiture garée et disparut, un perçant juron fut lancé et le son d'un vase de chine brisé vint du salon des Dursley. Comme Harry pensait que c'était un signal, il avait sauté mais avant qu'il puisse finir sa montée, le haut de sa tête frappa le bas de la fenêtre ouverte des Dursley.
Le résultat de tout cela fut de faire pousser un cri perçant à la tante Pétunia. Harry pensait que sa tête était fendue en 2. Ses yeux ruisselaient de larmes et il titubait en essayant de reprendre son équilibre pour voir d'où venait ce bruit. Mais il avait à peine repris ses esprits que deux grosses mains passèrent à travers la fenêtre ouverte et se fermèrent autour de sa gorge.
"Pose - ça - loin!" Hurla l'oncle Vernon dans l'oreille de Harry.
"Tout de suite! Avant que quelqu’un voit!"
"Lâche-moi !", glapit Harry. Depuis plusieurs secondes, il l’étranglait.
Harry essayait de se débattre sans savoir d'où cela provenait. L'oncle Vernon reçut un choc électrique. Des forces invisibles semblaient avoir surgies de nul part, empêchant celui-ci d'attraper Harry. Haletant, Harry rampa vers le massif de plantes, se releva et regarda autour de lui. Il n'y avait pas d'indice qui montrait ce qui avait provoqué ce bruit déchirant, mais il y avait plusieurs visages regardant à travers les fenêtres voisines. Harry rangea sa baguette magique dans la poche de son jean et essaya de prendre un regard innocent.
"Belle soirée !" Lança l'oncle Vernon, en faisant un signe de la main à la dame du numéro sept.
"Avez vous entendu le bruit qu'a fait cette voiture il y a quelques instants ?
Elle m’a fait sursauter."
Il continua de jouer le jeu jusqu'à ce que tous les curieux aient disparu. Quand ce fut le cas, son sourire se transforma en une grimace de rage lorsqu'il se tourna vers Harry.
Harry s'approcha à quelques pas de l'oncle Vernon, mais resta quand même à une distance qui ne permettait pas à l'oncle Vernon de pouvoir le toucher.
"Qu'as-tu encore fait?" demanda l'oncle Vernon avec une voix qui tremblait de fureur
"Est-ce que j'ai encore fait quoi ?" Dit Harry froidement. Il gardait en même temps un oeil sur la rue espérant encore voir ce qui avait fait ce bruit déchirant.
"Faire un vacarme comme si tu avais tiré au pistolet -"
"Je n'ai pas fait ce bruit," dit Harry fermement.
La figure maigre de la tante Pétunia apparue maintenant à côté de l'oncle Vernon qui était devenu violet de fureur. Elle le regardait livide. "Pourquoi étais-tu sous notre fenêtre ?"
"Oui c’est vrai, tu as raison Pétunia! Qu'est ce que tu faisais sous notre fenêtre, jeune homme?"
"J'écoutais les informations," dit Harry d'une voix résignée.
Sa tante et son oncle échangèrent un regard outragé. "Tu écoutais les informations! Encore?"
"Ben, ça change tous les jours, tu sais," dit Harry.
"Ne sois pas impoli avec moi, jeune effronté! Je veux savoir qu'est ce que tu faisais réellement sous notre fenêtre - et ne me redis pas que tu écoutais les informations, petit menteur! Tu sais parfaitement bien que ta vie…"
"Non Vernon !" souffla tante Pétunia, et l'oncle Vernon baissa sa voix afin que Harry puisse à peine l'entendre, "-que ta vie ne dépend pas de NOS informations!"
"C'est ce que tu crois," dis Harry.
Les Dursley le dévisagèrent pendant plusieurs secondes avant que tante Pétunia ne dise, "Tu n'es qu'un méchant petit menteur. Que font-ils tous vos…" elle baissa tellement sa voix que Harry du presque lire sur ses lèvres le mot suivant, "hiboux à part vous apporter des informations?"
"Aha !" lança l'oncle Vernon dans un triomphal murmure.
"Tu peux arrêter ton manège jeune idiot! Comme si nous ne savions pas que tu te fais apporter tes informations par ton oiseau pestilentiel!"
Harry hésita un moment. Ca lui coûterait de dire la vérité cette fois, même s’il savait qu'il était possible que sa tante et son oncle n'admettent pas celle -ci.
"Les hiboux... ne m’apportent pas les informations que je veux," dit-il calmement.
"Je ne crois pas à ce mensonge," dit la tante Pétunia en premier.
"Pas plus que je ne le crois," dit l'oncle Vernon avec force.
"Nous ne sommes pas stupides, tu sais," dit l'oncle Vernon.
"C’est une grande nouvelle pour moi," dit Harry, sentant sa colère augmenter, et avant que les Dursley aient répondu, il partit rapidement, traversa la pelouse, longea le mur et sortit à grands pas dans la rue.
Il était maintenant en colère et il savait qu'il devrait faire face à son oncle et à sa tante plus tard et payer le prix de son impolitesse, mais il ne pouvait pas supporter plus longtemps ces explications; les questions se bousculant trop rapidement dans son esprit. Harry était sûr que ce bruit déchirant avait été produit par quelque chose qui était apparu et avait disparu. C'était exactement le son que l'elfe de maison Dobby faisait quand il disparaissait dans les airs.
Etait-il possible que Dobby soit ici à Privet Drive ? Pouvait-il être suivi à tout moment par Dobby ? Cette pensée étrange le fit se retourner et regarder vers Privet Drive, mais il lui apparut qu'elle était complètement déserte et Harry était sûr que Dobby ne savait pas comment devenir invisible.
Il continua à marcher, prenant difficilement conscience de la route qu'il avait pris mais il avait emprunté ces rues si souvent que ses pieds le portaient automatiquement vers son refuge préféré.
Quelqu’un appartenant au monde de la magie avait été proche de lui comme s’il était parmi les bégonias de la tante Pétunia; il était sûr de ça. Pourquoi n'était-il pas venu lui parler, pourquoi n'avait-il pas pris contact avec lui, et pourquoi se cachait-il maintenant ?
Maintenant que sa sensation de frustration avait atteint son maximum, il se serait bien volontiers confié. Peut être que ce n'était pas un son magique après tout. Peut être qu'il était si désespéré qu'il transformait le plus simple petit bruit en signe de contact avec le monde auquel il appartenait alors que ce bruit était tout ce qui pouvait être de plus ordinaire. Pouvait-il être sûr que ce n'était pas le son de quelque chose qui se cassait dans une des maisons voisines ?
Harry sentit un pincement à l'estomac ainsi qu'au cœur. Il savait que la sensation de désespoir qui l'avait assailli pendant tout l'été était revenue une fois de plus. Demain matin, il serait réveillé par son alarme à 5 heures afin qu'il puisse payer le Hibou qui délivrait la gazette du sorcier - mais était-il encore intéressant de la prendre ?
Harry jetterait juste un coup d’œil à la première page avant de jeter le journal; un de ces jours quand ces idiots qui écrivent ce journal réaliseront enfin que Voldemort est de retour, ce sera écrit en première page, et c'est d'ailleurs la seule chose dont se souciait Harry.

S'il était chanceux, il recevrait aussi par son Hibou des lettres de ses meilleurs amis, avec des nouvelles et des explications supplémentaires.
'Nous ne pouvons en dire beaucoup sur ce que nous savons, manifestement... nous sommes obligés de ne rien dire au cas où cette lettre serait interceptée... Nous sommes très occupés mais je ne peux pas te donner de détails ici... Pour être honnête avec toi, nous te dirons tout quand nous nous verrons...'
Mais quand viendraient-ils venir le voir ? Personne ne semblait s’en soucier ne lui donnant pas de date précise. Hermione avait écrit 'J'essayerais de venir te voir dès que possible' sur sa carte d'anniversaire, mais comment savoir ce que 'dès que possible' voulait dire. Tout ce que pouvait dire Harry de ces lettres, c'est que Hermione et Ron étaient au même endroit, et probablement dans le maison de Ron. Il pouvait difficilement supporter qu’ils s'amusent bien sans lui au 'Terrier' alors que lui était cloué à Privet Drive.
En fait, il était tellement fâché contre eux qu'il n'avait même pas ouvert les deux boites de chocolat de chez Honeydukes qu'ils lui avaient envoyés pour son anniversaire. Il le regretta plus tard, surtout après la salade flétrie de la tante Pétunia qu’ils avaient eue au dîner ce soir là. Et à quoi étaient occupés Ron et Hermione ? Pourquoi n’était-il pas avec eux ? N'avait-il pas prouvé qu'il était capable de s'occuper de choses aussi bien si ce n’était mieux qu'eux ? Avaient-ils tous oublié ce qu'il avait fait ? N'avait-il pas ramené au péril de sa vie le corps de Cédric?
‘Ne pense pas à ça’, se disait constamment Harry depuis le début de l'été. C'était assez mauvais de ruminer les sombres pensées.


Il tourna au coin de la rue dans Magnolia Crescent. La moitié du chemin dans lequel il passait était une étroite allée descendant du côté du garage où il avait vu son parrain pour la première fois.
Sirius, au moins, semblait-il comprendre quelles étaient les sensations de Harry. Bien sûr, ses lettres étaient aussi vides d'informations que les lettres de Ron et HErmione, mais au moins elles contenaient des mots de consolation: 'Je sais que ça doit être frustrant pour toi... continue à rester tranquille et tout sera Ok... fais attention et ne fais rien d'insensé...'


‘Bien’, pensa Harry, alors qu’il traversait Magnolia Crescent. Il tourna dans Magnolia Road et se dirigea vers le parc de jeu. Il avait fait comme Sirius lui avait dit de faire. Il avait au moins résisté à la tentation de desserrer le cordon de son balai et de l’utiliser. En fait, Harry pensait à la conduite dont il avait fait preuve, et il se remémora la frustration et le mécontentement qu'il ressentait à être collé à Privet Drive si longtemps, réduit à se cacher dans les massifs de fleurs dans l'espoir de pouvoir entendre quelque chose qui pourrait être en rapport avec ce que Lord Voldemort avait fait. Malgré tout, il était ulcéré de voir que celui-là même qui lui disait de ne pas être imprudent, fut un homme qui avait été enfermé pendant 12 ans dans la prison d'Azkaban, qui s'en était échappé, et qui pour se sauver d'une condamnation à mort pour un meurtre qu'il n'avait pas commis s'était envolé sur le dos d'un Hippogriffe volé

Harry sauta par-dessus le portail fermé du parc et retomba sur l'herbe assoiffée. Le parc était aussi vide que les rues qui l'entouraient. Quand il atteignit les balançoires, il s'assit sur la seule que la bande de Dudley n'avait pas détruite, entoura ses bras dans les chaînes de celle ci et commença à se balancer.

Désormais, il ne pourrait plus se cacher dans le massif dessous la fenêtre du salon. Demain, il devrait donc inventer une nouvelle technique pour pouvoir écouter les informations. En même temps, il ne pouvait pas s'empêcher de s'agiter. Il passerait encore une nuit agitée car lorsqu’il échappait aux cauchemars avec Cédric, il rêvait à de longs couloirs sombres se finissant tous par des portes fermées. Ce qui, il le supposait, avait quelque chose à voir avec les sensations qu'il éprouvait quand il se réveillait. Souvent sa cicatrice sur le front le brûlait inconfortablement, mais il ne doutait pas que Ron, Hermione ou Sirius trouveraient ça plus intéressant que tout. Dans le passé, lorsque sa cicatrice lui faisait mal ça le prévenait que Voldemort était en train de préparer quelque chose, mais maintenant que Voldemort était revenu, elle lui faisait presque constamment mal. L'injustice montait en lui, personne ne savait encore que Voldemort était de retour! Et le pire était d'être collé dans un petit quartier depuis plus de 4 solides semaines, complètement coupé du monde de la magie, réduit à se cacher dans les bégonias pour entendre que des perruches savaient faire du ski nautique. Pourquoi Dumbledore l'avait il si facilement oublié ?

Pourquoi Ron et Hermione sont-ils ensembles et ne pensent pas à l'inviter à venir avec eux? Pendant encore combien de temps était-il supposé endurer les lettres de Sirius qui lui disaient de s'asseoir tranquillement et d'être un bon garçon; ou de résister à la tentation d'écrire à la gazette du sorcier un texte disant que Voldemort était revenu ?
Alors que Harry ruminait de furieuses pensées dans sa tête, la nuit douce et encore chaude commençait à l'entourer et le seul son que l'on pouvait entendre était celui du lent trafic de la route qui se situait à côté du parc si l’on ne prenait en compte celui de son estomac.
Il ne savait pas depuis combien de temps il était assis à se balancer quand des voix interrompirent sa réflexion. Il releva la tête et il vit dans la lumière de la rue la silhouette d'un groupe de personnes faisant leur chemin à travers la parc. Un d'eux chantait bruyamment, une chanson paillarde. Les autres rigolaient. Un doux bruit de cloches vint de plusieurs vélos de course coûteux qui bougeaient non loin de là.
Harry connaissait ces personnes. La figure en face de lui était indubitablement celle de son cousin, Dudley Dursley, prenant le chemin du retour, accompagné de son gang préféré. Dudley était aussi énorme que possible, mais des années de diététiques difficiles et la découverte d'un nouveau talent chez lui, avaient changé son physique.


Comme l'oncle Vernon le disait à qui voulait l'entendre, Dudley était récemment devenu le nouveau champion poids lourd inter école de boxe du sud-est. 'Le sport noble', comme l'oncle Vernon l'appelait, avait rendu Dudley encore plus formidable que lorsqu’il était encore son premier punching-ball.
Harry n'était plus vraiment effrayé par son cousin mais il ne savait pas encore que Dudley apprenait à frapper plus durement ce qui était la cause de la fête. Les enfants voisins étaient tous terrifiés par Dudley - plus terrifiés encore par lui que par 'le garçon Potter' dont la rumeur disait qu'il était passé par la maison de correction de St Brutus pour les jeunes criminels incurables.
Harry regardait les visages sombres traversant l'herbe en se demandant qui ils avaient bien pu frapper cette nuit. Regardant autour de lui, Harry se trouva pensant comme ils le faisaient. 'Allez... Regardez autour de vous... Je m'assoie ici tout seul...' Si les amis de Dudley le voyaient, ils se dirigeraient tout droit vers lui et qu'est ce que Dudley ferait alors ? Il ne voudrait pas perdre la face devant sa bande, mais il serait terrifié de provoquer Harry. Ca serait amusant pour Harry de voir le dilemme de Dudley, le voir, avec sa réponse puissante... et si d'autres essayaient de frapper Harry, il était prêt - il avait sa baguette, à les laisser essayer... il adorerait donner libre cours à plusieurs de ses frustrations sur ces garçons qui avaient fait de la première partie de sa vie un enfer. Mais ils ne lui tourneraient pas autour, ils ne le verraient pas, ils étaient presque à la grille. Harry du contenir son impulsion première qui était de les appeler. Il ne devait pas utiliser la magie... il aurait risqué de nouveau l'expulsion de l'école de Poudlard.
Les voix de la bande à Dudley moururent au loin. Ils furent bientôt hors de vue.
'Voilà, Sirius', pensa Harry qui s'ennuyait. 'Aucune raillerie. Un comportement toujours parfait. Exactement l'opposé de ce que tu as fait.'


Il sauta de la balançoire et arriva sur ses pieds. La Tante Pétunia et l'oncle Vernon semblaient sentir que lorsque Dudley était de retour, c'était l'heure d'être à la maison, et après, c'était trop tard. L’oncle Vernon avait menacé d'enfermer Harry dans le placard s’il arrivait à la maison après Dudley, et c'est pour cela que Harry décida de se diriger vers la porte du parc.
Magnolia Road, comme Privet Drive, était grande et large, les quartiers de maisons étaient propres avec des pelouses très bien entretenues, les propriétaires en général, conduisaient des voitures brillantes de propreté similaires à celle de l'oncle Vernon. Harry préférait le quartier Little Whyning de nuit, quand les fenêtres sont fermées par des rideaux donnant à la rue des dizaines de couleurs étincelantes dans la nuit, dans laquelle Harry pouvait courir ou marcher sans entendre des réflexions sur son apparence de délinquant.


Il marcha rapidement, jusqu'à ce que le gang de Dudley soit visible; Ils étaient à l'entrée de Magnolia Crescent en train de se dire au revoir. Harry avança dans l'obscurité d'un large lilas et attendit. "...poussait des cris comme un cochon, n'est pas ?" disait Malcom.
"Bonne nuit, Grand D", dit Pierre.
"Au même moment demain ?" dit Dudley.
"Tu n'auras qu'à passer chez moi : mes parents seront sortis," dit Gordon.
"A demain alors," dit Dudley.
"Salut Dud!"
"A demain, Grand D!"
Harry attendit que le reste du gang parte avant de se mettre en route de nouveau. Quand leurs voix se furent tueffacées, il tourna au coin de Magnolia Crescent et se mit à marcher très vite jusqu'à ce qu'il soit à bonne distance de Dudley pour pouvoir l'interpeller.
"Hey, Grand D!"
Dudley se retourna.
"Oh", grogna-t-il,"C'est toi!"
"Alors, depuis combien de temps es-tu 'grand D' ?" dit Harry.
"Ferme-la", lança Dudley
"Beau nom," dit Harry, en souriant et en se mettant à la hauteur de son cousin.
"Mais tu seras toujours 'Dudley d'amour' pour moi."
"J'ai dit ferme-la!" dit Dudley dont les doigts de sa main s'étaient crispés en un poing.
"Est ce que tes amis savent comment ta mère t'appelle ?"
"Va voir ailleurs si j’y suis."
"Tu ne lui dis pas ' Va voir ailleurs si j’y suis ' à elle. Lequel, entre "Dudlychou" et "Dudley d'amour" puis-je utiliser alors?"
Dudley ne dit rien. Les efforts qu'il faisait pour se contrôler et ne pas frapper Harry semblaient lui demander toute son énergie.
"Ah oui aussi, qui avez-vous frappé ce soir ?" demanda Harry dont le sourire s'était effacé. "Un autre jeune de 10 ans? Je sais qu'il y a 2 jours c'était Mark Evans,".
"Il n'attendait que ça," lança Dudley.
"Ah oui ?".
"Il me cherchait,".
"Ah oui ? Et est ce qu'il t'a dit que tu ressemblais à un cochon parce que ça ce n'est pas te chercher, Dud, c'est vrai."
Tous les muscles de Dudley s’étaient contractés de fureur, ce qui donnait une énorme satisfaction à Harry. Il sentait que grâce à ça, il transvasait sa propre frustration dans son cousin. Le seul bouc émissaire qu'il avait.
Il tournèrent à droite et descendirent l'étroite allée (dans laquelle Harry avait vu Sirius pour la première fois) et qui formait une coupure entre Magnolia Crescent et Wisteria Walk. C'était vide et plus sombre que toutes les autres rues car il n'y avait pas d'éclairage public. Leurs pas étaient étouffés entre le mur du garage d'un côté et une haute barrière de l'autre.
"Imagine que tu es un gros homme portant cette chose là bas, va y imagine." dit Dudley après plusieurs secondes de silence.
"Quelle chose ?"
"Ca - La chose qui est cachée."
Une large sourire apparut sur les lèvres de Harry.
"Pas aussi stupide que ton apparence le montre, n'est-ce pas, Dud ? Mais je suppose que si c'était le cas, tu ne serais pas capable de marcher et de parler en même temps."
Harry sortit sa baguette. Il voyait sur le visage de Dudley qu'il le regardait avec frayeur.
"Tu n'y es pas autorisé," dit Dudley pour la première fois. "Je sais que tu n'y es pas autorisé. Tu te ferais expulser de ton école."
"Comment sais-tu qu'ils n'ont pas changé le règlement, grand D ?"
"Il ne l'ont pas changé !"dit Dudley sans vraiment y croire.


Harry rigola doucement.
"Tu n'as pas le courage de te battre avec moi sans cette chose." lance Dudley.
"C'est toi qui dis ça ? Toi qui ne te promène jamais sans 4 protecteurs derrière toi ? Toi qui te bats avec des enfants de 10 ans. Tu crois que ton titre de boxe te permet de faire tout ce que tu fais? Quel âge avait ton adversaire ? 7ans? 8 ans?"
"Il avait 16 ans pour ton information," lança Dudley, "et il était toujours assommé 30 minutes après la fin du combat. De toute façon, tu vas voir, je vais aller voir papa et lui dire tout ce que tu as fait" "Sois courageux cette nuit."
"Alors comme ça, on va voir son père maintenant. Le champion Dudley d'amour est effrayé par la baguette de Harry." Interrompit Harry et c'est déjà la nuit, Dudley. C'est comme ça que nous appelons ça, quand tout devient noir comme ça."
"Ca signifie quand tu es dans ton lit !" lança Dudley.
Il avait arrêté de marcher. Harry s'arrêta aussi, fixant son cousin.
De où il était, il pouvait voir le visage de Dudley; il était recouvert d'un étrange regard triomphant.
"C'est ce que tu veux dire. Je ne suis pas courageux quand je suis dans mon lit ?" dit Harry, complètement perplexe. "De quoi suis-je sensé être effrayé ? De mon oreiller ?"
"Je te le dirais cette nuit," dit Dudley en un souffle, "je te le dirais dans ton sommeil."
"Qu'est ce que tu veux dire ?" dit Harry de nouveau alors qu’un frisson lui passa dans le dos. Cette même sensation il avait eu quand il avait visité le cimetière dans son rêve la nuit dernière.
"Dudley adopta une voix aiguë et fluette.
"Ne meurs pas Cédric! Ne meurs pas Cédric!" Qui est Cédric - Ton petit ami ?"
"Je - Tu mens" dit Harry automatiquement. Mais il savait que Dudley ne mentait pas sinon comment pouvait-il savoir pour Cédric ?
"Papa! Aide-moi, Papa! Il va me tuer, papa! Bouh Bouh!"
"Ta gueule," dit Harry tranquillement, "Ta gueule Dudley, Je te préviens !"
""Viens et aide-moi, Papa! Maman, viens et aide-moi! Ils ont tué Cédric! Papa aide-moi! Il va -","Ne pointe pas cette chose sur moi!"


Dudley recula dans l'allée. Harry pointait sa baguette directement sur son cœur.
Harry pouvait sentir 14 ans passant dans les veines de Dudley - Qu'est ce qu'il ne ferait pas pour pouvoir le frapper, le transformer en insecte et l'écraser...
"Ne parle plus jamais de ça," lança Harry. "As-tu bien compris ?"
"Pointe cette chose autre part !"
"J'ai dit, As-tu bien compris ?"
"Pointe ça autre part !"
"AS-TU BIEN COMPRIS ??"
"DEGAGE CETTE CHOSE LOIN DE MOI -"


Dudley devint bizarre, frémissant, le souffle coupé, comme s’il avait été enfermé dans un glaçon.
Quelque chose était arrivé cette nuit. Les étoiles devinrent indigo puis la nuit devint toute noire, sans lumière. Les étoiles, la lune, l'éclairage public et tout le reste disparut tout autour d'eux. Tout était devenu complètement noir. Ils étaient entourés d'un total, impénétrable, et sombre silence, comme si des mains géantes les avaient recouverts. Ils étaient comme aveugles.
Pendant 2 secondes, Harry pensa qu'il avait jeté un sort sans l'avoir voulu malgré tous ses efforts. Alors sa raison se ligua avec ses sens mais il n'avait pas le pouvoir de faire revenir les étoiles. Il tourna sa tête essayant de voir quelque chose, mais l'obscurité se pressait autour de ses yeux.
La voix terrifiée de Dudley cassa les oreilles de Harry.
"Q-Qu'est ce que tu as f-fait ? A-Arr-ête ça!"
"Je n'ai rien fait! Tais-toi et ne bouge pas!"
"Je n-ne pe-ux rien voi-r! Je suis deve-nu aveugle !"Je-"
"J'ai dit : tais-toi!"


Harry restait comme collé, tournant son angle de vue de gauche à droite.
Le froid était si intense qu'il tremblait de tout son corps; des choses éclatèrent sur son bras et ses cheveux étaient aussi droits que s'ils étaient gelés - Il ouvrit ses yeux et regarda pleinement autour de lui; il fixait le noir autour de lui, invisible.
C'était impossible... Ils ne pouvaient pas être ici...pas dans Little Whyning...il pressa ses oreilles... il les entendrait avant de les voir...
"Je t'ap-pelle papa!" chuchota Dudley. "Où e-es-tu ? Qu'est c-ce qu-e tu fa-is ?"
"Voudrais tu bien te taire ?" siffla Harry, "J'essaye d'écouter"
Mais le silence revint. Il avait juste eu le temps d'entendre un son épouvantable. Il y avait quelque chose dans l'allée en dehors d'eux, quelque chose qui se dessinait longuement, des respirations s'agitaient. Harry sentit une secousse d'effroi qui avait ce qu'il y a de plus horrible tout en tremblant dans l'air gelé.
"Coupe ça! Arrête ça! Je vais te frapper! "Dudley, tais-toi"
WHAM Un poing frappa un côté de la tête de Harry, qui tomba au pied de Dudley.
Pour la deuxième fois en une heure, Harry pensa que sa tête avait été séparée en deux. Après avoir repris ses esprits, il s'e releva avec difficulté tenant sa baguette bien serrée dans sa main.
"Tu es vraiment un idiot Dudley!" cria Harry, ses yeux mouillés de larmes de douleur alors qu'il avançait à tâtons. Il entendit Dudley se tromper de chemin, et se frapper contre ce qui l'entourait.
"DUDLEY, REVIENS! TU NE VAS PAS OU IL FAUT!"


Il y eut un cri terrible, et les pas de Dudley s'arrêtèrent. Au même moment, Harry sentit le froid l'attraper ce qui ne pouvait signifier qu'une seule chose. Il y avait quelqu'un derrière lui.
"DUDLEY, GARDE TA BOUCHE FERMEE! QUELQUE SOIT CE QUI ARRIVE, NE PARLE PAS! Baguette!" Harry rejoignit ses mains. "Où est ma baguette ? « Lumos!"
Il l'avait dit automatiquement, désespéré, la lumière l'aiderait dans sa recherche - et dans son soulagement incrédule, la lumière apparut à sa droite - le bout de sa baguette s'était allumé. Harry se retourna et son estomac se retourna complètement.
Il était énorme, la figure cachée dans une capuche, s'approchait lentement vers lui, planant au-dessus du sol, pas de pieds ou de visage visible sous sa robe, sa bouche qui n’était d’ailleurs visible que par un trou aspirant dans la nuit d'où il venait. Reculant de quelque pas, Harry leva sa baguette.
"SPERO PATRONUM"


Le détraqueur avançait lentement. Un nuage de vapeur argenté sortit du bout de sa baguette.
Le Patronus était sortit mais il n'était pas assez concentré et celui ci passa sous les pieds du détraqueur. Harry devait faire plus que ce petit Patronus -"concentre toi"- " SPERO PATRONUM!" - Sa voix fut claire et distante. Un autre Patronus apparut mais il était toujours trop fin. Il ne pouvait pas faire plus que ce qu'il avait fait.


Il y avait un rire dans sa tête, mais un rire désagréable, perçant et aigu... Il pouvait sentir l'odeur putride du détraqueur, la froideur brutale de la mort se répandait partout, remplissant ses poumons et le noyant peu à peu -"pense...quelque chose d’heureux...".
Mais il n'y avait plus de gaieté en lui... les doigts gelés du détraqueur étaient proches de son cou - le rire perçant grandissait dans sa tête, bruyant et sonore, et une voix parlait à l'intérieur de sa tête : "Incline toi devant la mort Harry...ça pourrait être douloureux...je ne le sais pas...je ne suis jamais mort..."
Il n'avait pas encore essayé de penser à Ron et Hermione - Leurs visages brûlèrent alors clairement dans son esprit comme s’il se battait pour respirer. "SPERO PATRONUM!"
Un énorme cerf de couleur argenté sortit du bout de sa baguette. Le patronus frappa le détraqueur à l'endroit ou il aurait du avoir un cœur; il commença à reculer, et une partie de l'obscurité recula avec lui. Enfin le détraqueur descendit en piqué dans le chemin et disparut, battu. "Va y!" lança Harry au cerf.
La lumière était un petit peu revenue et Harry se précipita vers la bas de l'allée, sa baguette en l'air. "Dudley ? DUDLEY !"


Il avait fait à peine douze pas quand il l'atteignit : Dudley était étendu sur le sol, ses bras couvrant se tête. A côté de lui, un second détraqueur se baissait pour pouvoir l'embrasser et par conséquent lui prendre son âme.
"Va-y!" souffla Harry, et avec un bruit de charge, le cerf d'argent galopa vers lui. Le détraqueur était à quelques centimètres de Dudley quand le Patronus de Harry le frappa. Il s'éleva alors dans les airs et disparut, absorbé par l'obscurité; le cerf alla au bout de l'allée et disparut en milliers de points argentés. La lune, les étoiles et l'éclairage public revinrent à la vie. Une chaude brise balaya l'allée. Tout réapparut autour d'eux. Harry resta tout à fait immobile, tous ses sens vibrants, et prenant conscience du retour à la normal.

Après un moment, Harry se rendit compte que son T-shirt était collé à lui.
Il ne pouvait pas croire ce qui venait juste d'arriver. Un détraqueur ici, dans Little Whyning.
Dudley se releva et s'assit sur le sol, choqué, il reprenait peu à peu ses esprits. Harry se baissa vers lui pour voir s’il pouvait se lever, mais il entendit un bruit derrière lui. Instinctivement, il leva sa baguette et se retourna pour voir le nouvel arrivant.

Mme Figg, leur vieille voisine, arrivait haletante. Ses cheveux grisonnants étaient éparpillés un peu partout; Harry rangeât sa baguette dans son jean pour ne pas qu'elle la voie, mais Mme Figg cria : "Ne la cache pas, jeune imbécile!" dit-elle dans un cri perçant. "Qu'est ce que tu ferais s’il y en avait d'autres dans le coin? Oh, je vais te tuer Mundungus Fletcher!"

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